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La croissance du Cégep de Lanaudière : défis et perspectives selon sa directrice générale
Alain Lallier

Une hausse démographique prévisible
Pour Mme Perreault, cette croissance est principalement attribuable à l’augmentation démographique de la région de Lanaudière, particulièrement marquée dans Lanaudière-Sud, notamment dans les secteurs des Moulins et de l’Assomption. À Terrebonne, la croissance est particulièrement soutenue, alors qu’à l’Assomption, la population étudiante a bondi de 20 % durant les deux dernières années. Le lancement du programme d’Inhalothérapie, qui a attiré rapidement deux cohortes, a également contribué à cet élan.
« Si la tendance se poursuit, le Cégep peut s’attendre à voir ses effectifs croître encore pendant quatre à cinq ans. Après la pandémie, une partie des jeunes s’était tournée vers l’emploi — période marquée par un nombre élevé d’emplois précaires — avant de finalement revenir étudier. La diminution de ces emplois explique donc en partie la reprise remarquable de l’inscription collégiale » explique-t-elle.
Faire face à la pression sur les infrastructures
Une telle hausse entraîne son lot de défis. À Joliette, l’espace en classes demeure adéquat, mais à Terrebonne, il a fallu ajouter des plages horaires et réduire les temps de transition entre les cours. Certaines salles de classe et laboratoires ont vu leur capacité d’accueil augmentée. Toutefois, ce réaménagement n’a pas permis d’ajouter d’espaces communs : à Terrebonne, la cafétéria, le café étudiant et la bibliothèque sont nettement sous-dimensionnés pour accueillir 2 300 personnes.
À l’Assomption, plusieurs réaménagements ont déjà eu lieu — conversion de bureaux en classes, recherche de locaux externes — mais les limites physiques se font sentir. Quant à Joliette, le bâtiment patrimonial complique grandement tout agrandissement. La solution des pavillons modulaires, utilisée ailleurs, est difficilement applicable faute d’espace disponible. Mme Perreault insiste : « il faudra de la créativité et des investissements ciblés pour trouver des solutions pérennes ».

La gestion des ressources et la collaboration avec le ministère
Dans ce contexte de pressions sur les infrastructures, mais aussi de budgets restreints, la direction générale dit avoir travaillé très étroitement avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Si le modèle de financement particulier du Cégep de Lanaudière — regroupant trois établissements — lui permet de s’en sortir mieux que d’autres, il reste des ajustements constants à réaliser.
« Le plus grand défi reste de répondre aux besoins des étudiants sans pouvoir déployer immédiatement toutes les ressources nécessaires. Les services d’aide et d’organisation scolaire sont particulièrement sollicités ». Mme Perreault reconnaît la nécessité d’innover, notamment en renforçant les mesures d’inclusion et en adaptant l’offre de services.
Avec 600 étudiants supplémentaires, environ 50 nouveaux professeurs ont été embauchés. Les postes ont généralement été pourvus, même si des tensions persistent dans certains domaines, comme les soins infirmiers ou les technologies, où la concurrence avec le secteur privé rend le recrutement ardu.

Un changement de paradigme dans la gouvernance
Pour la directrice générale, l’une des plus grandes difficultés de la dernière année a été d’opérer un « changement profond dans la façon de prendre les décisions ». Traditionnellement, l’établissement pouvait compter sur de larges consultations; mais dans un contexte d’urgence, il a fallu revoir les priorités, agir plus rapidement et parfois renoncer aux pratiques habituelles.
Cette transformation, bien qu’inquiétante pour certains, s’est accompagnée d’efforts accrus pour mieux expliquer les décisions et donner du temps aux équipes. Mme Perreault reconnaît que de tels ajustements entraînent certains mécontentements, surtout lorsque certains projets doivent être reportés faute de ressources.
Le défi financier et les solutions alternatives
La réalité budgétaire reste une contrainte majeure. Au moment de son entrée en poste, quelque 27 millions de projets étaient prévus. Or, avec les compressions, plusieurs investissements ont dû être suspendus ou repensés. Le Cégep prévoit maintenant miser davantage sur la recherche de subventions externes et sur la collaboration avec des partenaires financiers.
Comme plusieurs autres établissements, le Cégep de Lanaudière a dû présenter un budget déficitaire, comblé par le solde de fonds. Cependant, ces fonds servent aussi à financer d’importants projets d’infrastructure, ce qui oblige la direction à la prudence. « L’ensemble des budgets a été révisé avec un effort collectif, notamment en recentrant certaines dépenses de communication et de promotion, sans pour autant réduire les services essentiels aux élèves », précise Mme Perreault.
Perspectives stratégiques et projets d’avenir
Le plan stratégique actuel du Cégep s’étend jusqu’en 2028, mais la direction prépare déjà le prochain cycle. Mme Perreault insiste sur la nécessité de mieux outiller la planification, en intégrant davantage de consultations terrain et en ajustant les méthodologies de suivi. Parmi les priorités figure la mise en place de résidences étudiantes, ainsi que la consolidation de la recherche, malgré le ralentissement imposé aux projets de certains chercheurs autonomes.
Au niveau international, l’institution maintient ses engagements actuels et prépare de nouveaux partenariats, preuve de sa volonté de rayonner au-delà de son territoire, malgré les défis internes.
Conclusion : une vision à long terme
La croissance fulgurante du Cégep de Lanaudière représente à la fois un motif de fierté et un casse-tête organisationnel. Geneviève Perreault, sa directrice générale, fait preuve d’un équilibre constant entre lucidité face aux contraintes et dynamisme orienté vers l’innovation. Alors que la région continue d’attirer de nouveaux étudiants, la réussite institutionnelle passe par une adaptation rapide aux réalités budgétaires, immobilières et humaines.
Plus qu’un défi ponctuel, il s’agit d’une transition majeure pour un cégep désormais solidement enraciné dans son territoire et qui, malgré ses limites, entend continuer à croître et à se transformer pour les années à venir.



